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était manœuvrée par un homme dont le dos voûté, la chevelure et la barbe blanche semblaient d’un vieillard, mais dont le coup d’aviron, vigoureux et rapide, décelait l’énergie et la décision d’un gaillard certainement dans la fleur de l’âge, mais qui avait jugé bon de s’affubler d’une perruque et d’une bosse postiche dans le dos.

« Ohé ! cria Horace Velmont, ohé ! Maffiano. Alors, tu as déjà découvert notre retraite ? Bravo. »

Maffiano, lâchant à son tour ses avirons, sortit son revolver et tira. La balle fit rejaillir l’eau à quelques centimètres de la tête du nageur, qui éclata de rire.

« Fichu maladroit ! Ta main tremble, Maffiano. Envoie-moi donc ton rigolo, je t’apprendrai à t’en servir ! »

La raillerie exaspéra le Sicilien. Debout dans la barque, il brandit l’un de ses avirons pour assommer son adversaire. Celui-ci n’attendit pas le coup, mais s’enfonça et disparut. Au bout d’un instant, la barque de Maffiano vacilla et la tête d’Horace Velmont surgit à bâbord.

« Haut les mains ! hurlait Horace menaçant. Haut les mains ou je tire ! »

Maffiano ne se demanda pas avec quoi aurait pu tirer cet adversaire qui venait de faire trente mètres sous la surface du fleuve. Il leva les bras, effaré. Au même moment, sous le poids de Velmont, la barque chavira, entraînant le Sicilien.

Velmont poussa une exclamation de triomphe.

« Victoire ! L’ennemi bat en retraite ! Plongeon de Maffiano et de la Maffia ! Sais-tu nager au moins ? Mais, malheureux, tu nages comme un veau mort-né ! Haut la tête, crébleu ! ou tu avales de l’eau de Seine, ce qui t’empoisonnera, à moins que tu ne te noies avant… Ah ! et puis après tout, débrouille-toi. Tiens, voilà du secours qui t’arrive. »

Sur la rive, deux hommes sautaient à l’eau et nageaient dans la direction du Sicilien, dont le courant emportait la barque. Mais, avant qu’ils ne fussent trop près, Horace, nageur émérite, gagna la berge, fouilla les vêtements déposés sur le talus et proféra :

« Deux cartes encore de la Maffia signées de Mac Allermy ! Avec celle de Maffiano et celles de Mac Allermy, de Fildes et d’Edgar Becker, ça m’en fait six ! Vivement le partage ! À moi les dépouilles de Lupin !… »