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La Lueur de l’espoir



Tous les étés, il errait à travers la France, roulant sur les grand’routes nues ou sur les petits chemins sinueux, au bruit doux et profond de sa bicyclette. Il aimait la vie qui palpite à l’ombre des choses mortes, le charme des églises déchues, des murailles en ruines, des étangs solitaires.

Cette année-là, il parcourut le magnifique pays de l’Orne, vieille terre féodale, rude et mystérieuse, et, un jour, sur la lisière d’une forêt, au fond d’une cour entourée de bâtiments de ferme, il aperçut un vieux manoir, ou plutôt, selon l’expression de la contrée, un vieux logis vénérable et simple. Il entra. Une femme âgée, l’air maladif, en vêtements de paysanne, mais bourgeoise d’aspect et de manières, vint à lui. C’était la châtelaine. Elle consentit à l’accompagner dans sa visite, tout en le prévenant qu’il ne verrait rien de bien curieux.