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— Si cela t’intéresse, me dit-il après quelques minutes où nous refîmes connaissance, entre un moment, j’ai là quelques bibelots qui t’amuseront.

De fait, toutes les pièces qu’il occupait, c’est-à-dire tout le corps de logis principal, étaient remplies de meubles anciens, et décorées d’assiettes, de cuivres, d’armes, qui révélaient un collectionneur patient et documenté. Mais, par contre, des fauteuils et des rideaux d’un vert criard, d’abominables imitations de tapisseries, ornaient l’aile droite. Louis me dit :

— Voici la chambre de ma mère.

Dans un autre genre, l’aile gauche était d’un goût aussi détestable. D’horribles tableaux d’amateur pendaient aux murs et les vieilles boiseries elles-mêmes étaient souillées par des peintures et des dessins. Louis me dit :

— C’est la chambre de ma mère.

— Comment, m’écriai-je, mais tout à l’heure…

Sans paraître m’entendre, il me fit visiter d’autres pièces et d’autres étages, où se montraient les mêmes dissonances et les mêmes contrastes ; puis il me demanda :

— À propos, tu restes à déjeuner, n’est-ce pas ?

Il donna des ordres et, après un tour dans le parc, nous gagnâmes la salle à manger. Deux dames d’un certain âge nous y attendaient. Louis me présenta d’abord à l’une d’elles, une grande femme prétentieuse attifée de soie bleue et de rubans jaunes.

— Madame Lieuvain, ma mère.