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Affalé dans son fauteuil, Raoul sanglotait, Moresnil s’approcha de lui :

— Allons, mon pauvre vieux, ne pleure pas. Il faut t’en aller. Tu reviendras demain, à la première heure. Apporte un volume de vers. La lecture lui conviendra, car elle sera un peu lasse. Oui, j’ai vu pendant le diner que ses yeux brillaient en me regardant. C’est sa façon de m’exprimer son désir. Laisse-nous, veux-tu ?

Il le souleva par le bras, le conduisit devant Louise et lui dit :

— Embrasse ta maitresse.

Puis il l’entraina jusqu’à la porte. Les pas s’éloignèrent, chancelants. Moresnil revint vers sa femme. Elle se jeta dans ses bras, et ils roulèrent sur un divan, sans un mot.