Page:Leblanc - Les Lèvres jointes, paru dans Le Journal et La Lanterne, 1897-1901.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elles sont contentes de votre hommage ou si elles le considèrent comme une offense. Auprès d’elles, une minute contient de la joie, du chagrin, de l’espoir, de l’épouvante. Le bonheur qu’elles vous donnent équivaut à l’enfer.

Mais, le plus terrible, c’est qu’on ne sait jamais quelle conduite tenir. À chaque circonstance j’étais à peu près sûr de choisir justement le parti qu’il ne fallait pas prendre. Et quand je lui eus avoué mon amour, il me sembla que je n’oserais plus jamais risquer la moindre tentative, tellement je restais dans le doute sur les conséquences de mon aveu. Était-elle mon amie, mon ennemie, une étrangère, une indifférente ? M’aimait-elle ? Que faire pour qu’elle m’aimât ? À quoi me résoudre ?

Cela devenait une véritable torture ; j’avais constamment l’impression d’être en face d’une multitude de routes, sans que rien m’indiquât celle que je devais suivre pour arriver au but. Tous les jours, Adrienne m’échappait un peu plus.