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Était-ce calcul, désir cupide d’attirer sur son ménage les faveurs d’une compagne plus riche ? Elle ne demandait jamais rien. Perversité ? pour répandre des médisances que son titre d’intime eût rendues plus redoutables ? Elle ne parlait de son amie qu’avec respect et enthousiasme sincère.

Moins que personne Diane découvrait les causes de cette conduite. Elle ne connaissait la jeune femme que depuis un an et s’étonnait même que leurs relations fussent si étroites, n’étant justifiées par aucune similitude de goûts ou d’humeur. Mais, très bonne et n’ayant rien à cacher de sa vie, elle tolérait autour d’elle cet empressement un peu indiscret, sans trop approfondir les motifs qui le pouvaient provoquer.

Un jour, parmi la foule d’un grand magasin, elle avisa le manège d’un inconnu qui glissait un papier entre les mains de Marthe. Celle-ci, derrière son manchon, lut le billet et dit :

— Je vous demande pardon… mon mari m’attend.

Elle s’éloigna rapidement. Aussitôt, Diane chercha l’étranger. Il avait disparu.

Elle crut à une erreur. Mais le fait se renouvela. À voix basse, un homme d’un certain âge jeta quelques mots à Marthe. La jeune femme ne bougea pas. Une minute après, simulant un malaise, elle s’en allait.