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Il tressaillit. Tout de suite, il avait reconnu les premières lignes de l’article inséré dans l’Écho de France. Et l’article s’y trouvait, intégralement écrit à la plume, sur du papier quadrillé, avec des ratures.

Il appela le cocher et lui demanda :

— D’où vient donc cette pelote de ficelle ?

— Cette pelote, monsieur ?… Mais de la sellerie… C’est Mirza qui l’aura…

— Et quand avez-vous enroulé la ficelle sur le papier ?

— Hier soir, monsieur.

— Ah !… Et d’où provient ce papier ?

— Ma foi, monsieur, je ne sais pas trop… j’avais besoin de quelque chose pour ma ficelle… j’ai pris cela derrière la remise, là où l’on jette tous les chiffons de la maison, en attendant qu’on les porte dans la rue, le soir.

Don Luis poursuivit ses investigations. Il questionna ou il pria Mlle Levasseur de questionner les autres domestiques. Il ne découvrit rien, mais un fait demeurait acquis : l’article de l’Écho de France avait été écrit — le brouillon ramassé en faisait foi — par quelqu’un qui habitait la maison, ou qui entretenait des relations avec un des habitants de la maison.

L’ennemi était dans la place.

Mais quel ennemi ? Et que voulait-il ? Simplement l’arrestation de Perenna ?

Toute cette fin d’après-midi, don Luis resta soucieux, tourmenté par le mystère qui l’entourait, exaspéré par son inaction et surtout par cette menace d’arrestation qui, certes, ne l’inquiétait pas, mais qui paralysait ses mouvements.

Aussi, quand on lui annonça, vers dix heures, qu’un individu, qui se présentait sous le nom d’Alexandre, insistait pour le voir, quand il eut fait entrer cet individu, et qu’il se trouva en face de Mazeroux, mais d’un Mazeroux travesti, enfoui sous