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sais pas… C’est encore de l’inspecteur Vérot, une chose importante selon lui, et qui sert de complément et d’explication au contenu de la lettre.

— Ma foi, dit M. Desmalions, qui ne put s’empêcher de sourire, la lettre en a besoin d’explication, et, quoiqu’il ne soit pas question d’accident, je n’hésite pas.

Tout en parlant, il avait coupé une ficelle et découvert, sous le papier qui l’enveloppait, une boîte, une petite boîte en carton, comme les pharmaciens en emploient, mais salie celle-là, abîmée par l’usage qu’on en avait fait.

Il souleva le couvercle.

Dans le carton, il y avait des feuilles d’ouate, assez malpropres également, et au milieu de ces feuilles une demi-tablette de chocolat.

— Que diable cela veut-il dire ? marmotta le préfet avec étonnement.

Il prit le chocolat, le regarda, et tout de suite son examen lui montra ce que cette tablette, de matière un peu molle, offrait de particulier, et les raisons certaines pour lesquelles l’inspecteur Vérot l’avait conservée. En dessus et en dessous, elle portait des empreintes de dents, très nettement dessinées, très nettement détachées les unes des autres, enfoncées de deux ou trois millimètres dans le bloc de chocolat, chacune ayant sa forme et sa largeur spéciales, et chacune écartée des autres par un intervalle différent. La mâchoire qui avait ainsi commencé à croquer la tablette avait incrusté la marque de quatre de ses dents supérieures et de cinq dents du bas.

M. Desmalions resta pensif, et, la tête baissée, il reprit durant quelques minutes