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sait, vous étiez absente, n’est-ce pas, madame ?

— Oui.

— Vous avez été à l’Opéra ?

— Oui, et ensuite à la soirée d’une de mes amies, Mme d’Ersinger.

— Votre chauffeur vous accompagnait ?

— En allant à l’Opéra, oui. Mais je l’ai renvoyé à son garage, et il est venu me rechercher à la soirée.

Mme Fauville resta fort calme.

— Ah ! fit M. Desmalions, mais comment avez-vous été de l’Opéra chez Mme d’Ersinger ?

Pour la première fois, Mme Fauville parut comprendre qu’elle était l’objet d’un véritable interrogatoire, et son regard, son attitude trahirent une sorte de malaise. Elle répondit :

— J’ai pris une automobile.

— Dans la rue ?

— Sur la place de l’Opéra.

— À minuit, par conséquent.

— Non, à onze heures et demie. Je suis partie avant la fin du spectacle.

— Vous aviez hâte d’arriver chez votre amie ?

— Oui… ou plutôt…

Elle s’arrêta, ses joues étaient empourprées, un tremblement agitait ses lèvres et son menton, et elle dit :

— Pourquoi toutes ces questions ?

— Elles sont nécessaires, madame. Elles peuvent nous éclairer. Je vous supplie donc d’y répondre. À quelle heure êtes-vous arrivée chez votre amie ?

— Je ne sais pas trop… Je n’ai pas fait attention.