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tails de cette soirée que sa mémoire enregistrait avec une fidélité pour ainsi dire mécanique, Perenna compta, dans le compotier, trois poires et quatre pommes d’api.

Il apporta une carafe, un verre, une assiette de gâteaux secs et un compotier de fruits.

Cependant Fauville montait l’escalier tournant, et, suivant la galerie, gagnait la chambre où couchait son fils.

— Il dort à poings fermés, dit-il à Perenna qui l’avait rejoint.

La pièce était petite. L’air y arrivait par un système spécial d’aération, car un volet de bois cloué bouchait hermétiquement la lucarne.

— C’est une précaution que j’ai prise l’an dernier, expliqua Hippolyte Fauville. Comme c’est dans cette pièce que je faisais mes expériences électriques, je craignais qu’on ne m’épiât. J’ai donc fermé l’issue qui donnait sur le toit.

Et il ajouta, la voix basse :

— Il y a longtemps que l’on rôde autour de moi.

Ils redescendirent.

Fauville consulta sa montre.

— Dix heures et quart… C’est l’heure du repos. Je suis très las, et vous m’excuserez…

Il fut convenu que Perenna et Mazeroux s’installeraient sur deux fauteuils qu’ils transportèrent dans le couloir qui menait du cabinet de travail au vestibule même de l’hôtel.

Mais, avant de les quitter, Hippolyte Fauville, qui jusqu’ici, bien que fort agité, semblait maître de lui, eut une défaillance soudaine. Il exhala un faible cri. Don Luis se retourna et vit que la sueur lui coulait comme de l’eau sur le visage et sur le cou, et il grelottait de fièvre et d’angoisse.