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nuait. Perenna en profita pour insister, et de telle façon que Fauville, sans toutefois sortir de sa réserve, finit par s’abandonner à cette volonté, plus forte que la sienne.

— Eh bien, quoi ? Vous n’avez pourtant pas la prétention de passer la nuit ici ?

— Précisément.

— Mais c’est absurde ! Mais c’est du temps perdu ! Car enfin, en mettant les choses au pire… Et puis, quoi, encore, que voulez-vous ?

— Qui habite cet hôtel ?

— Qui ? Ma femme d’abord. Elle occupe le premier étage.

— Madame Fauville n’est pas menacée.

— Non, nullement. C’est moi qui suis menacé, moi et mon fils Edmond. Aussi, depuis huit jours, au lieu de coucher dans ma chambre, comme d’habitude, je m’enferme dans cette pièce… J’ai donné comme prétexte des travaux, des écritures qui m’obligent à veiller très tard, et pour lesquels j’ai besoin de mon fils.

Presque aussitôt, Mme Fauville entra.

— Il couche donc ici ?

— Au-dessus de nous, dans une petite chambre que je lui ai fait aménager. On n’y peut accéder que par cet escalier intérieur.

— Il s’y trouve actuellement ?

— Oui. Il dort.

— Quel âge a-t-il ?

— Seize ans.

— Mais, si vous avez ainsi changé de chambre, c’est que vous redoutiez qu’on