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» Et Jean Vernocq se mit à l’œuvre. Il avait fini par trouver dans les papiers du père Langernault, ancien ami d’Hippolyte Fauville, des détails sur la famille Roussel et sur le désaccord du ménage Fauville. Somme toute, cinq personnes seulement le gênaient ; en première ligne, naturellement, Cosmo Mornington, puis, dans l’ordre de leurs droits, l’ingénieur Fauville, son fils Edmond, sa femme Marie-Anne et son cousin Gaston Sauverand.

» Avec Cosmo Mornington ce fut aisé. S’étant introduit comme docteur chez l’Américain, il versa le poison dans une des ampoules que celui-ci destinait à ses piqûres.

» Mais avec Hippolyte Fauville, auprès de qui il s’était recommandé du père Langernault et sur l’esprit duquel il avait rapidement pris une influence inouïe, Jean Vernocq joua la difficulté. Connaissant d’une part la haine de l’ingénieur contre sa femme, et le sachant d’autre part atteint de maladie mortelle, ce fut lui qui, à Londres, au sortir d’une consultation de spécialiste, insinua dans l’âme épouvantée de Fauville cet incroyable projet de suicide, dont vous avez pu suivre, après coup, l’exécution machiavélique. De la sorte et d’un seul effort, anonymement comme on l’a dit, sans être mêlé à l’aventure, sans même que Fauville eût conscience de l’action exercée sur lui, Jean Vernocq supprimait Fauville et son fils, et se débarrassait de Marie-Anne et de Sauverand en rejetant diaboliquement sur eux toutes les charges de cet assassinat dont personne au monde ne pouvait l’accuser, lui, Jean Vernocq.

» Et le plan réussit.