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Le silence de nouveau. Puis un autre bruit, le bruit du sol que l’on frappe avec un instrument. Puis le silence encore…

Et cela se passait à une distance que don Luis pouvait supposer d’une centaine de mètres.

Le sentier se terminait par trois marches, taillées dans la terre. Au-dessus c’était un plateau très vaste, également encombré de débris et de ruines, et où se dressait, en face et au centre, un rideau de lauriers énormes, plantés en demi-cercle, et vers lesquels se dirigeaient les marques d’herbe foulée.

Assez étonné, car le rideau se présentait avec des contours impénétrables, don Luis s’avança, et il put constater qu’autrefois il y avait une coupure et que les branches avaient fini par se rejoindre.

Il était facile de les écarter. C’est ainsi que le bandit avait passé, et, selon toute apparence, il se trouvait là, au terme de sa course, à une distance très petite, et occupé à quelque sinistre besogne.

De fait, un ricanement déchira l’air, si proche que don Luis tressaillit d’effroi, et qu’il lui sembla que le bandit se moquait par avance de son intervention. Il se rappela la lettre et les mots écrits à l’encre rouge :

« Il est encore temps, Lupin. Retire-toi de la bataille. Sinon, c’est la mort pour toi aussi. Quand tu te croiras au but, quand ta main se lèvera sur moi et que tu crieras des mots de victoire, c’est alors que l’abîme s’ouvrira sous tes pas. Le lieu de ta mort est déjà choisi. Le piège est prêt. Prends garde Lupin. »

La lettre entière défila dans son cerveau,