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tien que nous avons eu après l’explosion du boulevard Suchet.

Le silence de M. Desmalions laissa comprendre à don Luis qu’il pouvait parler. Il reprit aussitôt :

— Ce sera bref, monsieur le préfet. Ce sera bref pour deux motifs : d’abord, parce que les aveux de l’ingénieur Fauville demeurent acquis, et que nous connaissons définitivement le rôle monstrueux qu’il a joué dans l’affaire ; et ensuite, parce que, pour le surplus, la vérité, si compliquée qu’elle paraisse, est, au fond, très simple. Elle tient tout entière dans cette objection que vous m’avez faite, monsieur le préfet, en sortant de l’hôtel en ruine du boulevard Suchet :

« Comment expliquer que la confession d’Hippolyte Fauville ne mentionne pas une seule fois l’héritage de Cosmo Mornington ? »

Il manque une autre personne…

» Tout est là, monsieur le préfet. Hippolyte Fauville n’a pas dit un mot de l’héritage. Et s’il n’en a pas dit un mot, c’est, évidemment, qu’il l’ignorait. Et si Gaston Sauverand a pu me raconter toute sa tragique histoire sans faire la moindre allusion à cet héritage, c’est que cet héritage n’a tenu dans l’histoire de Gaston Sauverand aucune espèce de place. Lui aussi, avant ces événements, l’ignorait, comme l’ignorait Marie-Anne Fauville et comme l’ignorait Florence Levasseur.

» Fait indéniable, la vengeance, la vengeance seule a guidé Hippolyte Fauville. Sinon, pourquoi eût-il agi, puisque les millions de Cosmo Mornington lui revenaient de plein droit ? Et, d’ailleurs, s’il avait voulu jouir de ces millions, il n’eût tout de même pas commencé par se tuer.

» Donc une certitude : l’héritage n’est pour rien dans les décisions et dans les actes d’Hippolyte Fauville.

» Et cependant, tour à tour, avec une inflexible régularité, et comme s’ils étaient