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— Par qui ? Moi seul ai manié ce testament, et moi seul d’ailleurs ai la clef du coffre où je range tous les soirs les documents de cette importance.

— Ce coffre n’a pas été l’objet d’une effraction ? Il n’y a pas eu de cambriolage dans votre étude ?

— Non.

— C’est un matin que vous avez vu Cosmo Mornington ?

— Un vendredi matin.

— Qu’avez-vous fait du testament jusqu’au soir, jusqu’à l’instant où vous l’avez rangé dans votre coffre-fort ?

— Probablement l’aurai-je mis dans le tiroir de mon bureau.

— Et ce tiroir n’a pas été forcé ?

Me Lepertuis parut stupéfait et ne répondit pas.

— Eh bien ? reprit Perenna.

— Eh bien… oui… je me rappelle… il y a eu quelque chose… ce jour-là, ce même vendredi.

— Vous êtes sûr ?

— Oui. Quand je suis revenu après mon déjeuner, j’ai constaté que le tiroir n’était pas fermé à clef. Pourtant je l’avais fermé, cela sans aucune espèce de doute. Sur le moment, je n’ai attaché à cet incident qu’une importance relative. Aujourd’hui, je comprends… je comprends…

Ainsi se vérifiaient au fur et à mesure toutes les hypothèses imaginées par don Luis Perenna, hypothèses appuyées, il est vrai, sur quelques indices, mais où il y avait, avant tout, une part d’intuition et de divination, réellement surprenante chez un homme qui n’avait assisté à aucun des événements qu’il reliait entre eux avec tant d’habileté.