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que tous les agents furent là, il les fit sortir de l’hôtel ainsi que le concierge et referma la porte sur lui.

Appelant alors les agents qui surveillaient le boulevard, il leur enjoignit :

— Que tout le monde s’éloigne, et repoussez la foule le plus loin possible… et rapidement, n’est-ce pas ? D’ici un quart d’heure, nous rentrerons dans l’hôtel.

— Et vous, monsieur le préfet, murmura Mazeroux, j’espère que vous ne restez pas.

— Ma foi non, dit-il en riant. Si tant est que j’écoute le conseil de notre ami Perenna, je dois marcher jusqu’au bout.

— C’est qu’il n’y a plus que deux minutes.

— Notre ami Perenna a parlé de trois heures et non de trois heures moins deux. Donc…

Il traversa le boulevard, accompagné du chef de la Sûreté, de son secrétaire général et de Mazeroux, et il escalada le talus opposé.

— Il faudrait peut-être se baisser, insista Mazeroux.

Et il aperçut au-dessus de lui un bras qui pendait du plafond

— Baissons-nous, dit le préfet, toujours de bonne humeur. Mais, en vérité, s’il n’y a pas d’explosion, je me flanque une balle dans la tête. Je ne pourrais pas vivre après m’être ainsi couvert de ridicule.

— Il y aura une explosion, monsieur le préfet, affirma Mazeroux.

— Faut-il que vous ayez confiance dans notre ami don Luis.

— Vous avez la même confiance, monsieur le préfet.

Ils se turent, crispés par l’attente et luttant contre l’anxiété qui les étreignait. Une à une, ils comptaient les secondes aux battements de leurs cœurs. C’était interminable.

Trois heures sonnèrent quelque part.

— Vous voyez, ricana M. Desmalions,