Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— On l’a ratée, chef. Elle était partie.

— Et don Luis ? On ne l’a pas laissé sortir de l’hôtel, hein ! J’avais donné la consigne.

— Il a voulu sortir aussi par la porte de la cave, cinq minutes après !

— Qui vous l’a dit ?

— Un des agents de police placés devant cette porte.

— Eh bien ?

— Le type est rentré dans la cave.

Weber poussa un cri de joie.

— Nous le tenons ! Et c’est une sale affaire pour lui ! Rébellion contre la police !… Complicité !… Enfin ! On va pouvoir le démasquer. Taïaut ! Taïaut ! les enfants… Deux hommes pour garder Sauverand, quatre hommes sur la place du Palais-Bourbon, le revolver au poing. Deux hommes sur les toits. Les autres avec moi ! Commençons par la chambre de la fille Levasseur. Et puis, sa chambre à lui. En chasse, les enfants !

Don Luis n’attendit pas la ruée des agresseurs. Renseigné sur leurs intentions, il battit en retraite, sans avoir été aperçu, vers l’appartement de Florence. Là, comme Weber ne connaissait pas encore le chemin direct qui passait à travers les communs, il eut le temps de constater que le mécanisme de la trappe fonctionnait fort bien, et qu’il n’y avait aucune raison pour que l’on découvrît, au fond de l’alcôve et derrière les rideaux du lit, l’existence d’un placard secret.

Une fois entré dans le passage, il remonta le premier escalier, suivit le long corridor pratiqué à l’intérieur du mur, escalada l’échelle qui aboutissait à son boudoir, et, s’étant rendu compte que cette seconde trappe s’adaptait si exactement à la boiserie qu’on ne pouvait rien soupçonner, il la referma sur sa tête.

Quelques minutes plus tard, il entendit au-dessus de lui le tumulte des hommes qui perquisitionnaient.

Ainsi donc, le vingt-quatre mai, à cinq heures de l’après-midi, voici quelle était la situation : Florence Levasseur sous le coup d’un mandat d’arrêt, Gaston Sauverand en prison, Marie-Anne Fauville en prison et refusant toute nourriture. Et don Luis, qui croyait à leur innocence et qui, seul, aurait pu les sauver, don Luis était bloqué dans son hôtel et traqué lui-même par vingt agents de police.

Quant à l’héritage Mornington, il n’en pouvait plus être question, puisque, à son