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que nous ne puissions pas nous revoir. Or, vous ne m’avez donné aucune preuve de vos affirmations.

— Je vous ai donné la vérité. À un homme comme vous, la vérité suffit. Pour moi, je suis vaincu. J’abandonne la lutte, ou plutôt je me soumets à vos ordres. Sauvez Marie-Anne.

— Je vous sauverai tous les trois, fit Perenna. C’est demain soir que doit apparaître la quatrième des lettres mystérieuses, ce qui nous donne tout le temps nécessaire pour nous concerter et pour étudier l’affaire à fond. Et, demain soir, j’irai là-bas et, avec les nouveaux éléments de vérité que nous aurons réunis, je trouverai la preuve de votre innocence à tous trois. L’essentiel, c’est d’assister à cette réunion du 25 mai.

— Ne pensez qu’à Marie-Anne, je vous en supplie. Sacrifiez-moi, s’il le faut. Sacrifiez même Florence. Je parle en son nom comme au mien en vous disant qu’il vaut mieux nous abandonner que de compromettre la plus petite chance de réussite.

— Je vous sauverai tous les trois, répéta don Luis.

Bouge pas ! dit-il…

Il entre-bâilla la porte et, après avoir écouté, il leur dit :

— Ne bougez pas. Et n’ouvrez à personne, sous aucun prétexte, avant que je ne vienne vous rechercher. D’ailleurs je ne tarderai pas.

Il referma la porte à double tour et descendit au premier étage. Il n’éprouvait pas cette allégresse qui le soulevait d’ordinaire aux approches des grandes batailles. Car l’enjeu de celle-ci, c’était Florence, et les conséquences d’une défaite lui semblaient pires que la mort.

Par la fenêtre du palier, il avisa les agents qui gardaient la cour. Il en compta six. Et il avisa aussi, à l’une des fenêtres de son cabinet de travail, le sous-chef qui surveillait la cour et se tenait en communication avec ses agents.