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Il l’appela :

— Mazeroux !

Le brigadier parut très surpris d’entendre son nom et s’approcha de la voiture.

— Tiens, le patron !

Sa figure exprimait une telle gêne que don Luis sentit ses craintes se préciser.

— Dis donc, ce n’est pas pour moi que tes hommes et toi faites le pied de grue devant mon hôtel ?

— En voilà une idée, patron ! répondit Mazeroux d’un air embarrassé. Vous savez bien que vous êtes en faveur, vous.

Don Luis sursauta. Il comprenait. Mazeroux l’avait trahi. Autant pour obéir aux scrupules de sa conscience que pour soustraire le patron aux dangers d’une passion funeste, Mazeroux avait dénoncé Florence Levasseur.

Il crispa les poings, dans un effort de tout son être, pour étouffer la rage qui bouillonnait en lui. Le coup était terrible. Il avait l’intuition subite de toutes les fautes auxquelles la démence de la jalousie l’avait entraîné depuis la veille, et le pressentiment de ce qui pouvait en résulter d’irréparable. La direction des événements lui échappait.

— Tu as le mandat ? dit-il.

Mazeroux balbutia :

— C’est bien par hasard… J’ai rencontré le préfet qui était de retour… On s’est expliqué sur cette affaire de la demoiselle. Et, voilà justement que l’on avait découvert que cette photographie… vous savez la photographie de Florence Levasseur que le préfet vous avait confiée ?… Eh bien, on a découvert que vous l’aviez maquillée. Alors, quand j’ai dit le nom de Florence, le préfet s’est souvenu que c’était ce nom-là.

— Tu as le mandat ? répéta don Luis d’un ton plus âpre.

— Dame… n’est-ce pas ?… il a bien fallu… M. Desmalions… le juge…

Si la place du Palais-Bourbon avait été