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Il était six heures quand il rentra. Le brigadier et lui dînèrent ensemble. Le soir, désireux d’examiner à son tour le domicile de l’homme à la canne d’ébène, il repartit en automobile, toujours accompagné de Mazeroux, et donna comme adresse le boulevard Richard-Wallace.

La voiture traversa la Seine, qu’elle suivit sur la rive droite.

— Allez plus vite, dit-il par le porte-voix à son nouveau chauffeur, j’ai l’habitude de marcher bon train.

— Vous culbuterez un jour ou l’autre, patron, dit Mazeroux.

— Pas de danger, répondit don Luis. Les accidents d’auto sont réservés aux imbéciles.

Ils arrivaient à la place de l’Alma. La voiture, à ce moment, tourna vers la gauche.

— Droit devant vous, cria don Luis… montez par le Trocadéro.

L’accident s’est produit

L’automobile se redressa. Mais, tout de suite, elle fit trois ou quatre embardées, à toute allure, escalada un trottoir, se heurta contre un arbre et fut renversée.

En quelques secondes, une douzaine de passants accoururent. On cassa une des glaces et l’on ouvrit la portière. Don Luis surgit le premier.

— Rien, dit-il, je n’ai rien. Et toi, Alexandre ?

On tira le brigadier. Il avait quelques contusions, des douleurs, mais aucune blessure qui parût sérieuse. Seulement, le chauffeur avait été précipité de son siège et gisait inerte sur le trottoir, la tête ensanglantée. On le transporta dans une pharmacie. Il mourut dix minutes plus tard.

Lorsque Mazeroux, qui avait accompagné la malheureuse victime et qui, lui-même assez étourdi, avait dû avaler un cordial, retourna vers l’automobile, il trouva deux agents de police qui constataient l’accident et recueillaient des témoignages, mais le patron n’était pas là.

Perenna, en effet, venait de sauter dans