Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’ailleurs, ayant soulevé ces feuilles les unes après les autres, il vit, sur l’avant-dernière, une série de lignes formées par des mots et des chiffres qu’on avait tracés au crayon, comme des notes jetées en hâte. Il lut :

Hôtel du boulevard Suchet.

Première lettre. Nuit du 15 au 16 avril.
Deuxième. Nuit du 25.
Troisième et quatrième. Nuits du 5 mai et du 15 mai.
Cinquième et explosion. Nuit du 25 mai.

D’ailleurs, ayant soulevé ces feuilles…

Et tout en constatant, d’abord que la date de la première nuit était précisément celle de la nuit qui venait, et ensuite que toutes ces dates se succédaient à dix jours d’intervalle, il remarquait l’analogie de l’écriture avec l’écriture du brouillon. Ce brouillon, il l’avait en poche, dans un calepin. Il pouvait ainsi vérifier la similitude des deux écritures et celle des deux feuilles quadrillées.

Il prit son calepin et l’ouvrit.

Le brouillon n’y était plus.

— Cré nom de Dieu ! grinça-t-il entre ses dents. Elle est raide, celle-là.

Et en même temps il se souvenait très nettement que, pendant qu’il téléphonait le matin à Mazeroux, son calepin se trouvait dans la poche de son pardessus et son pardessus sur une chaise située près de la cabine. Or, à cet instant, Mlle Levasseur, sans aucune raison, rôdait dans le cabinet de travail. Qu’y faisait-elle ?

— Ah ! la cabotine, se dit Perenna furieux, elle était en train de me rouler. Ses larmes, ses airs de candeur, ses souvenirs attendris, autant de balivernes ! Elle est de la même race et de la même bande que la Marie-Anne Fauville, que le Sauverand, comme eux menteuse et comédienne jusqu’en ses moindres gestes et dans les moindres inflexions de sa voix innocente.

Il fut sur le point de la confondre. La preuve était irréfutable cette fois. Par