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— Quoi ?… Quoi ?… Qu’est-ce que vous dites ? Marie-Anne… Non, n’est-ce pas ? Ce n’est pas vrai ?

M. Desmalions jugea inutile de répondre, tellement cette affectation d’ignorer tout ce qui concernait le drame du boulevard Suchet était absurde et puérile.

Hors de lui, les yeux effarés, Gaston Sauverand murmura :

— C’est vrai ? Elle est victime de la même méprise que moi ? On l’a peut-être arrêtée ? Elle ! elle ! Marie-Anne en prison !

Ses poings crispés s’élevèrent dans un geste de menace qui s’adressait à tous les ennemis inconnus dont il était entouré, à ceux qui le persécutaient et qui avaient assassiné Hippolyte Fauville et livré Marie-Anne.

Mazeroux et l’inspecteur Ancenis l’empoignèrent brutalement… Il eut un mouvement de révolte comme s’il allait repousser ses agresseurs. Mais ce ne fut qu’un éclair, et il s’abattit sur une chaise en cachant sa figure entre ses mains.

— Quel mystère ! balbutia-t-il !… Je ne comprends pas… je ne comprends pas…

Il se tut.

Le préfet de police dit à Mazeroux :

— C’est la même comédie qu’avec Mme Fauville, et jouée par un comédien de la même espèce qu’elle et de la même force. On voit qu’ils sont parents.

— Il faut se méfier de lui, monsieur le préfet. Pour l’instant, son arrestation l’a déprimé, mais gare au réveil !

Le sous-chef Weber, qui était sorti depuis quelques minutes, rentra. M. Desmalions lui dit :

— Tout est prêt ?

— Oui, monsieur le préfet, j’ai fait avancer le taxi jusqu’à la grille, à côté de votre automobile.

— Combien êtes-vous ?

— Huit. Deux agents viennent d’arriver du commissariat.

— Vous avez fouillé la maison ?

— Oui. D’ailleurs, elle est presque vide. Il n’y a que les meubles indispensables et,