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L’inspecteur principal Ganimard, qui fut chargé plus spécialement de cette affaire, avoua qu’il n’en connaissait pas de plus déconcertante.

« C’est fort comme du Lupin, disait-il, et cependant ce n’est pas du Lupin… Non, il y a autre chose là-dessous, quelque chose d’équivoque, de louche… D’ailleurs, si c’était du Lupin, pourquoi aurait-il repris les cinquante mille francs qu’il avait envoyés ? Autre question qui m’embarrasse : quel rapport y a-t-il entre ce second vol et le premier, celui du champ de courses ? Tout cela est incompréhensible, et j’ai l’impression, ce qui m’arrive rarement, qu’il est inutile de chercher. Pour ma part, j’y renonce. »

Le juge d’instruction s’acharna. Les reporters unirent leurs efforts à ceux de la justice. Un célèbre détective anglais passa le détroit. Un riche Américain, auquel les histoires policières tournaient la tête, offrit une prime importante à quiconque apporterait un premier élément de vérité. Six semaines après, on n’en savait pas davantage. Le public se rangeait à l’opinion de Ganimard, et le juge d’instruction lui-même était las de se débattre dans les ténèbres que le temps ne pouvait qu’épaissir.

Et la vie continua chez la veuve Dugrival. Soignée par son neveu, elle ne tarda pas à se remettre de sa blessure. Le matin, Gabriel l’installait dans un fauteuil de la salle à manger, près de la fenêtre, faisait le ménage, et se rendait ensuite aux provisions. Il préparait le déjeuner sans même accepter l’aide de la concierge.

Excédés par les enquêtes de la police et surtout par les demandes d’interviews, la tante et le neveu ne recevaient personne. La concierge