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portefeuille. En trois gestes, c’est fini… Moi qui vous parle, j’y ai été pris. »

Il s’interrompit, et, d’un air furieux :

« Mais sacré nom, nous n’allons pas moisir ici ! Quelle cohue ! Ce n’est pas supportable… Ah ! M. Marquenne, là-bas, qui nous fait signe… Un moment, je vous prie… et surtout ne bougez pas. À coups d’épaule, il se fraya un passage dans la foule.

Nicolas Dugrival le suivit un instant des yeux. L’ayant perdu de vue, il se tint un peu à l’écart pour n’être point bousculé.

Quelques minutes s’écoulèrent. La sixième course allait commencer, lorsque Dugrival aperçut sa femme et son neveu qui le cherchaient. Il leur expliqua que l’inspecteur Delangle se concertait avec l’officier de paix.

« Tu as toujours ton argent ? lui demanda sa femme.

— Parbleu répondit-il, je te jure que l’inspecteur et moi, nous ne nous laissions pas serrer de trop près. »

Il tâta son veston, étouffa un cri, enfonça la main dans sa poche, et se mit à bredouiller des syllabes confuses, tandis que Mme Dugrival, épouvantée, bégayait :

« Quoi ! qu’est-ce qu’il y a ?

— Volé… gémit-il, le portefeuille… les cinquante billets…

— Pas vrai ! s’exclama-t-elle, pas vrai !

— Si, l’inspecteur, un escroc… c’est lui… »

Elle poussa de véritables hurlements.

« Au voleur ! on a volé mon mari !… Cinquante mille francs, nous sommes perdus… Au voleur !… »