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— Moi ? répondit Lupin, rien du tout. Et c’est là, précisément, ce qui m’amuse.

— Mais il y a cent ans que l’on cherche !

— Il s’agit moins de chercher que de réfléchir. Or j’ai trois cent soixante-cinq jours pour réfléchir. C’est beaucoup trop, et je risque d’oublier cette affaire, si intéressante qu’elle soit. Cher ami, vous aurez l’obligeance de me la rappeler, n’est-ce pas ? »

Je la lui rappelai à diverses reprises pendant les mois qui suivirent, sans que, d’ailleurs, il parût y attacher beaucoup d’importance. Puis il y eut toute une période durant laquelle je n’eus pas l’occasion de le voir. C’était l’époque, je le sus depuis, du voyage qu’il fit en Arménie, et de la lutte effroyable qu’il entreprit contre le sultan rouge, lutte qui se termina par l’effondrement du despote.

Je lui écrivais toutefois à l’adresse qu’il m’avait donnée, et je pus ainsi lui communiquer que certains renseignements obtenus de droite et de gauche sur ma voisine, Louise d’Ernemont, m’avaient révélé l’amour qu’elle avait eu, quelques années auparavant, pour un jeune homme très riche, qui l’aimait encore, mais qui, contraint par sa famille, avait dû l’abandonner, le désespoir de la jeune femme, la vie courageuse qu’elle menait avec sa fille.

Lupin ne répondit à aucune de mes lettres. Les recevait-il ? La date approchait cependant, et je n’étais pas sans me demander si ses nombreuses entreprises ne l’empêcheraient pas de venir au rendez-vous fixé.

De fait, le matin du 15 avril arriva, et j’avais fini de déjeuner que Lupin n’était pas encore là.