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Successivement débouchèrent deux dames âgées, maigres, assez misérables d’aspect, et qui se ressemblaient comme deux sœurs ; puis un valet de chambre ; puis un caporal d’infanterie ; puis un gros monsieur vêtu d’une jaquette malpropre et rapiécée ; puis une famille d’ouvriers, tous les six pâles, maladifs, l’air de gens qui ne mangent pas à leur faim. Et chacun des nouveaux venus arrivait avec un panier ou un filet rempli de provisions.

« C’est un pique-nique, m’écriai-je.

— De plus en plus étonnant, articula Lupin, et je ne serai tranquille que quand je saurai ce qui se passe derrière ce mur. »

L’escalader, c’était impossible. En outre nous vîmes qu’il aboutissait, au bas de la ruelle comme en haut, à deux maisons dont aucune fenêtre ne donnait sur l’enclos.

Nous cherchions vainement un stratagème, quand, tout à coup, la petite porte se rouvrit et livra passage à l’un des enfants de l’ouvrier.

Le gamin monta en courant jusqu’à la rue Raynouard. Quelques minutes après, il rapportait deux bouteilles d’eau, qu’il déposa pour sortir de sa poche la grosse clef.

À ce moment, Lupin m’avait déjà quitté et longeait le mur d’un pas lent comme un promeneur qui flâne. Lorsque l’enfant, après avoir pénétré dans l’enclos, repoussa la porte, il fit un bond et planta la pointe de son couteau dans la gâche de la serrure. Le pêne n’étant pas engagé, un effort suffit pour que le battant s’entre-bâillât.

« Nous y sommes, » dit Lupin.