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— Êtes-vous sûr, dit-elle, qu’il soit nécessaire ?…

— Je suis sûr que le moindre détail a son importance et que nous sommes près d’atteindre le but. Mais il faut se hâter. L’heure est grave.

— Je n’ai rien à cacher, fit-elle en relevant la tête. C’était à l’époque la plus misérable et la plus dangereuse de ma vie. Humiliée chez moi, dans le monde j’étais entourée d’hommages, de tentations, de pièges, comme toute femme qu’on voit abandonnée de son mari. Alors, je me suis souvenue… Avant mon mariage, un homme m’avait aimée, dont j’avais deviné l’amour impossible et qui, depuis, est mort. J’ai fait graver le nom de cet homme, et j’ai porté cet anneau comme on porte un talisman. Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre. Mais dans le secret de mon cœur, il y eut un souvenir, un rêve meurtri, quelque chose de doux qui me protégeait…

Elle s’était exprimée lentement, sans embarras, et Velmont ne douta pas une seconde qu’elle n’eût dit l’absolue vérité. Comme il se taisait, elle redevint anxieuse et lui demanda :

« Est-ce que vous supposez que mon mari… »

Il lui prit la main, et prononça, tout en examinant l’anneau d’or :

« L’énigme est là. Votre mari, je ne sais comment, connaît la substitution. À midi, sa mère viendra. Devant témoins, il vous obligera d’ôter votre bague, et de la sorte, il pourra, en même temps que l’approbation de sa mère, obtenir le divorce, puisqu’il aura la preuve qu’il cherchait.