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Mais Lupin prévoyait l’attaque, d’autant que le visage du baron avait perdu son assurance et pris peu à peu, sous une poussée lente de peur et de rage, une expression féroce, presque bestiale, qui annonçait la révolte, si longtemps contenue.

Deux fois il tira. Lupin se jeta de côté d’abord, puis s’abattit aux genoux du baron qu’il saisit par les jambes et fit basculer. D’un effort, le baron se dégagea. Les deux ennemis s’agrippèrent à bras-le-corps, et la lutte fut acharnée, sournoise, sauvage.

Tout à coup, Lupin sentit une douleur à la poitrine.

« Ah ! canaille hurla-t-il. C’est comme avec Lavernoux. L’épingle !… »

Il se raidit désespérément, maîtrisa le baron et l’étreignit à la gorge, vainqueur enfin, et tout-puissant.

« Imbécile ! Si tu n’avais pas abattu ton jeu, j’étais capable de lâcher la partie. T’as une telle figure d’honnête homme ! Mais quels muscles, monseigneur ! Un moment, j’ai bien cru… Seulement, cette fois, ça y est ! Allons, mon bon ami, donnez l’épingle et faites risette… Mais non, c’est une grimace, ça… Je serre trop fort, peut-être ? Monsieur va tourner de l’œil ? Alors, soyez sage… Bien, une toute petite ficelle autour des poignets… Vous permettez ? Mon Dieu, quel accord parfait entre nous ! C’est touchant !… Au fond, tu sais, j’ai de la sympathie pour toi… Et maintenant, petit frère, attention ! Et mille excuses !…

Il se dressa à demi et, de toutes ses forces, lui assena au creux de l’estomac un coup de poing