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« Vous-même, affublé d’une fausse barbe et d’une paire de lunettes, courbé en deux comme un vieillard. Bref, vous, le baron Repstein, et c’est vous, pour une bonne raison à laquelle personne n’a songé, c’est que si ce n’est pas vous qui avez combiné toute cette machination, l’affaire est inexplicable. Tandis que, vous coupable, vous assassinant la baronne pour vous débarrasser d’elle et manger les millions avec une autre femme, vous assassinant votre intendant Lavernoux pour supprimer un témoin irrécusable, – oh ! alors, tout s’explique. »

Le baron, qui, durant le début de l’entretien, demeurait incliné vers son interlocuteur, épiant chacune de ses paroles avec une avidité fiévreuse, le baron s’était redressé et il regardait Lupin comme si, décidément, il avait affaire à un fou. Lorsque Lupin eut terminé son discours, il recula de deux ou trois pas, parut prêt à dire des mots que, en fin de compte, il ne prononça point, puis il se dirigea vers la cheminée et sonna.

Lupin ne fit pas un geste. Il attendait en souriant.

Le domestique entra. Son maître lui dit :

« Vous pouvez vous coucher, Antoine. Je reconduirai Monsieur.

— Dois-je éteindre, Monsieur ?

— Laissez le vestibule allumé. »

Antoine se retira, et aussitôt, le baron ayant sorti de son bureau un revolver revint auprès de Lupin, mit l’arme dans sa poche, et dit très calmement :

« Vous excuserez, monsieur, cette petite précaution, que je suis obligé de prendre au cas,