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À son tour, le neveu se leva et, marchant vers un râtelier où des armes de toutes sortes étaient suspendues, il décrocha un fusil qu’il posa sur la table près du vieux gentilhomme.

« Là-bas, mon oncle, aux confins du désert, quand nous nous trouvons en face d’une bête fauve, nous ne prévenons pas les gendarmes, nous prenons notre carabine et nous l’abattons, la bête fauve, sans quoi c’est elle qui nous écrase sous sa griffe.

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Je dis que j’ai pris là-bas l’habitude de me passer des gendarmes. C’est une façon de rendre la justice un peu sommaire, mais c’est la bonne, croyez-moi, et, aujourd’hui, dans le cas qui nous occupe, c’est la seule. La bête morte, vous et moi l’enterrons dans quelque coin… ni vu ni connu.

— Angélique ?…

— Nous l’avertirons après.

— Que deviendra-t-elle ?

— Elle restera… ce qu’elle est légalement, ma femme, la femme du véritable d’Emboise. Demain, je l’abandonne et je retourne en Algérie. Dans deux mois le divorce est prononcé. »

Le duc écoutait, pâle, les yeux fixes, la mâchoire crispée. Il murmura :

« Es-tu sûr que ses complices du bateau ne le préviendront pas de ton évasion ?

— Pas avant demain.

— De sorte que ?

— De sorte que, à neuf heures, ce soir, Arsène Lupin prendra inévitablement, pour aller au Grand-Chêne, le chemin de ronde qui suit les anciens remparts et qui contourne les ruines de la chapelle. J’y serai, moi, dans les ruines.