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vous en dire davantage en ce qui vous concerne, mon oncle ? »

Un tremblement nerveux agitait le duc de Sarzeau-Vendôme. L’épouvantable vérité à laquelle il refusait d’ouvrir les yeux, lui apparaissait tout entière, et prenait le visage odieux de l’ennemi. Il agrippa les mains de son interlocuteur et lui dit âprement, désespérément :

« C’est Lupin, n’est-ce pas ?

— Oui, mon oncle.

— Et c’est à lui… c’est à lui que j’ai donné ma fille en mariage !

— Oui, mon oncle, à lui qui m’a volé mon nom de Jacques d’Emboise, et qui vous a volé votre fille. Angélique est la femme légitime d’Arsène Lupin et cela conformément à vos ordres. Une lettre de lui que voici en fait foi. Il a bouleversé votre existence, troublé votre esprit, assiégé « les pensées de vos veilles et les rêves de vos nuits », cambriolé votre hôtel, jusqu’à l’instant où, pris de peur, vous vous êtes réfugié ici, et où, croyant échapper à ses manœuvres et à son chantage, vous avez dit à votre fille de désigner comme époux l’un de ses trois cousins, Mussy, d’Emboise ou Caorches.

— Mais pourquoi a-t-elle choisi celui-là plutôt que les deux autres ?

— C’est vous, mon oncle, qui l’avez choisi.

— Au hasard… parce qu’il était plus riche…

— Non, pas au hasard, mais sur les conseils sournois, obsédants et très habiles de votre domestique Hyacinthe. »

Le duc sursauta.

« Hein ! quoi ! Hyacinthe serait complice ?

— D’Arsène Lupin, non, mais de l’homme