Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le duc semblait stupéfait. Il examina longtemps, avec des yeux ahuris, ce visage qu’il connaissait, et qui, en même temps, éveillait en lui des souvenirs vagues d’un passé très lointain. Puis, tout à coup, il marcha vers l’une des fenêtres qui donnaient sur l’esplanade et appela :

— Angélique !

— Qu’y a-t-il, mon père ? répondit-elle en s’avançant.

— Ton mari ?

— Il est là, mon père, fit Angélique en montrant d’Emboise qui fumait une cigarette et lisait à quelque distance.

Le duc trébucha et tomba assis sur un fauteuil, avec un grand frisson d’épouvante.

« Ah ! Je deviens fou ! »

Mais l’homme qui portait des habits de pêcheur s’agenouilla devant lui en disant :

« Regardez-moi, mon oncle ! Vous me reconnaissez, n’est-ce pas, c’est moi votre neveu, celui qui jouait ici autrefois, celui que vous appeliez Jacquot… Rappelez-vous… Tenez, voyez cette cicatrice…

— Oui… oui, balbutia le duc, je te reconnais… C’est toi, Jacques. Mais l’autre…

Il se pressa la tête entre les mains.

« Et pourtant non, ce n’est pas possible… Explique-toi… Je ne comprends pas… Je ne veux pas comprendre… »

Il y eut un silence pendant lequel le nouveau venu ferma la fenêtre et ferma la porte qui communiquait avec le salon voisin. Puis il s’approcha du vieux gentilhomme, lui toucha doucement l’épaule, pour le réveiller de sa torpeur, et