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Aussitôt les bans furent publiés.

Dès lors, la surveillance redoubla autour du château, d’autant que le silence de Lupin et la cessation brusque de la campagne menée par lui dans les journaux, ne laissaient pas d’inquiéter le duc de Sarzeau-Vendôme. Il était évident que l’ennemi préparait un coup et qu’il tenterait de s’opposer au mariage par quelques-unes de ces manœuvres qui lui étaient familières.

Pourtant il ne se passa rien. L’avant-veille, la veille, le matin de la cérémonie, rien. Le mariage eut lieu à la mairie, puis il y eut la bénédiction nuptiale à l’église. C’était fini.

Seulement alors, le duc respira. Malgré la tristesse de sa fille, malgré le silence embarrassé de son gendre que la situation semblait gêner quelque peu, il se frottait les mains d’un air heureux, comme après la victoire la plus éclatante.

« Qu’on baisse le pont-levis ! dit-il à Hyacinthe, qu’on laisse entrer tout le monde ! Nous n’avons plus rien à craindre de ce misérable. »

Après le déjeuner, il fit distribuer du vin aux paysans et trinqua avec eux. Ils chantèrent et ils dansèrent.

Vers trois heures, il rentra dans les salons du rez-de-chaussée.

C’était le moment de sa sieste. Il gagna, tout au bout des pièces, la salle des gardes. Mais il n’en avait pas franchi le seuil qu’il s’arrêta brusquement et s’écria :

« Qu’est-ce que tu fais donc là, d’Emboise ? En voilà une plaisanterie ! »

D’Emboise était debout, en vêtements de pêcheur breton, culotte et veston sales, déchirés, rapiécés, trop larges et trop grands pour lui.