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Se plantant sur le seuil de la porte, il invectivait l’ennemi à pleine gueule :

« Bougre d’idiot, t’aimes donc mieux crever au fond de ton trou que de cracher l’argent ? Crève donc, saligaud ! »

Et la mère Goussot, à son tour, glapissait de sa voix pointue :

« C’est-i la prison qui te fait peur ? Lâche les billets et tu pourras déguerpir. »

Mais le père Traînard ne soufflait mot, et le mari et la femme s’époumonaient en vain.

Des jours affreux passèrent. Maître Goussot ne dormait plus, tout frissonnant de fièvre. Les fils devenaient hargneux, querelleurs, et ils ne quittaient pas leurs fusils, n’ayant d’autre idée que de tuer le chemineau.

Au village on ne parlait que de cela, et l’affaire Goussot, locale d’abord, ne tarda pas à occuper la presse. Du chef-lieu, de la capitale, il vint des journalistes, que maître Goussot éconduisit avec des sottises.

« Chacun chez soi, leur disait-il. Mêlez-vous de vos occupations. J’ai les miennes. Personne n’a rien à y voir.

— Cependant, maître Goussot…

— Fichez-moi la paix. »

Et il leur fermait sa porte au nez.

Il y avait maintenant quatre semaines que le père Traînard se cachait entre les murs d’Héberville. Les Goussot continuaient leurs recherches par entêtement et avec autant de conviction, mais avec un espoir qui s’atténuait de jour en jour, et comme s’ils se fussent heurtés à un de ces obstacles mystérieux qui découragent les ef-