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attribuée à la reine Mathilde, représentaient l’histoire de la conquête de l’Angleterre. Commandées au xvie siècle par le descendant d’un homme d’armes qui accompagnait Guillaume le Conquérant, exécutées par un célèbre tisserand d’Arras, Jehan Gosset, elles avaient été retrouvées quatre cents ans après, au fond d’un vieux manoir de Bretagne. Prévenu, le colonel avait enlevé l’affaire au prix de cinquante mille francs. Elles en valaient dix fois autant.

Mais la plus belle des douze pièces de la série, la plus originale, bien que le sujet ne fût pas traité par la reine Mathilde, était précisément celle qu’Arsène Lupin avait cambriolée, et qu’on avait réussi à lui reprendre. Elle représentait Édith au Cou-de-Cygne, cherchant parmi les morts d’Hastings le cadavre de son bien-aimé Harold, le dernier roi saxon.

Devant celle-là, devant la beauté naïve du dessin, devant les couleurs éteintes, et le groupement animé des personnages, et la tristesse affreuse de la scène, les invités s’enthousiasmèrent. Édith au Cou-de-Cygne, la reine infortunée, ployait comme un lys trop lourd. Sa robe blanche révélait son corps alangui. Ses longues mains fines se tendaient en un geste d’effroi et de supplication. Et rien n’était plus douloureux que son profil qu’animait le plus mélancolique et le plus désespéré des sourires.

« Sourire poignant, nota l’un des critiques, que l’on écoutait avec déférence… un sourire plein de charme, d’ailleurs, et qui me fait penser, colonel, au sourire de Mme Sparmiento. »

Et, la remarque paraissant juste, il insista :

« Il y a d’autres points de ressemblance qui