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vés, et auxquels Lupin inspirait une haine vigoureuse.

Quant à ses domestiques, le colonel les connaissait de longue date. Il en répondait.

Toutes ces mesures prises, la défense de l’hôtel organisée comme celle d’une place forte, le colonel donna une grande fête d’inauguration, sorte de vernissage où furent conviés les membres des deux cercles dont il faisait partie, ainsi qu’un certain nombre de dames, de journalistes, d’amateurs et de critiques d’art.

Aussitôt franchie la grille du jardin, il semblait que l’on pénétrât dans une prison. Les trois inspecteurs, postés au bas de l’escalier, vous réclamaient votre carte d’invitation et vous dévisageaient d’un œil soupçonneux. On eût dit qu’ils allaient vous fouiller ou prendre les empreintes de vos doigts.

Le colonel, qui recevait au premier étage, s’excusait en riant, heureux d’expliquer les dispositions qu’il avait imaginées pour la sécurité de ses tapisseries.

Sa femme se tenait auprès de lui, charmante de jeunesse et de grâce, blonde, pâle, flexible, avec un air mélancolique et doux, cet air de résignation des êtres que le destin menace.

Lorsque tous les invités furent réunis, on ferma les grilles du jardin et les portes du vestibule. Puis on passa dans la galerie centrale, à laquelle on accédait par de doubles portes blindées, et dont les fenêtres, munies d’énormes volets, étaient protégées par des barreaux de fer. Là se trouvaient les douze tapisseries.

C’étaient des œuvres d’art incomparables, qui, s’inspirant de la fameuse tapisserie de Bayeux,