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butte aux attaques criminelles. Mais n’y avait-il point dans leur famille quelque personne intéressée à leur disparition ? Mon voyage à Paris m’a révélé la vérité. Mlle Darcieux tient de sa mère une grosse fortune dont son beau-père a l’usufruit. Le mois prochain, il devait y avoir à Paris, sur convocation du notaire, une réunion du conseil de famille. La vérité éclatait, c’était la ruine pour Darcieux.

— Il n’a donc pas mis d’argent de côté ?

— Si, mais il a subi de grosses pertes par suite de spéculations malheureuses.

— Mais enfin, quoi ! Jeanne ne lui eût pas retiré la gestion de sa fortune.

— Il est un détail que vous ignorez, docteur, et que j’ai connu par la lecture de la lettre déchirée, c’est que Mlle Darcieux aime le frère de son amie de Versailles, Marceline, et que, M. Darcieux s’opposant au mariage, — vous en comprenez maintenant la raison, — elle attendait sa majorité pour se marier.

— En effet, dit le docteur, en effet… c’était la ruine.

— La ruine, je vous le répète. Une seule chance de salut lui restait, la mort de sa belle-fille, dont il est l’héritier le plus direct.

— Certes, mais à condition qu’on ne le soupçonnât point.

— Évidemment, et c’est pourquoi il a machiné la série des accidents, afin que la mort parût fortuite. Et c’est pourquoi, de mon côté, voulant précipiter les choses, je vous ai prié de lui apprendre le départ imminent de Mlle Darcieux. Dès lors, il ne suffisait plus que le soi-disant malade errât dans le parc ou dans les