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« Après ? » fit celui-ci, en l’arrêtant net d’un coup de pied sur la jambe.

Leurs vêtements se touchaient presque. Leurs regards se provoquaient, comme les regards de deux adversaires qui vont en venir aux mains.

Pourtant, il n’y eut pas de combat. Le souvenir des luttes précédentes rendait la lutte inutile. Et Ganimard, qui se rappelait toutes les défaites passées, ses vaines attaques, les ripostes foudroyantes de Lupin, ne bougeait pas. Il n’y avait rien à faire, il le sentait. Lupin disposait des forces contre lesquelles toute force individuelle se brisait. Alors, à quoi bon ?

« N’est-ce pas ? prononça Lupin, d’une voix amicale, il vaut mieux en rester là. D’ailleurs, mon bon ami, réfléchis bien à tout ce que l’aventure t’a rapporté : la gloire, la certitude d’un avancement prochain, et, grâce à cela, la perspective d’une heureuse vieillesse. Tu ne voudrais pas cependant y ajouter la découverte du saphir et la tête de ce pauvre Lupin ! Ce ne serait pas juste. Sans compter que ce pauvre Lupin t’a sauvé la vie… Mais oui, Monsieur ! Qui donc vous avertissait ici même que Prévailles était gaucher ?… Et c’est comme ça que tu me remercies ? Pas chic, Ganimard. Vrai, tu me fais de la peine. »

Tout en bavardant, Lupin avait accompli le même manège que Ganimard et s’était approché de la porte.

Ganimard comprit que l’ennemi allait lui échapper. Oubliant toute prudence, il voulut lui barrer la route et reçut dans l’estomac un formidable coup de tête qui l’envoya rouler jusqu’à l’autre mur.