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écarlate indique suffisamment les allures excentriques. L’ayant rejointe, et pour des motifs encore inconnus, il la frappa d’abord à coups de couteau, puis l’étrangla à l’aide de cette écharpe de soie. (Prend ta loupe, inspecteur principal, et tu verras, sur la soie, des marques d’un rouge plus foncé qui sont, ici, les marques d’un couteau que l’on essuie, et là, celles d’une main sanglante qui se cramponne à une étoffe). Son crime commis, et afin de ne laisser aucune trace derrière lui, il sort de sa poche : 1o le journal auquel il est abonné, et qui (parcours ce fragment) est un journal de courses dont il te sera facile de connaître le titre ; 2o une corde qui se trouve être une corde à fouet (et ces deux détails te prouvent, n’est-ce pas, que notre homme s’intéresse aux courses et s’occupe lui-même de cheval). Ensuite, il recueille les débris de son monocle dont le cordon s’est cassé pendant la lutte. Il coupe avec des ciseaux (examine les hachures des ciseaux), il coupe la partie maculée de l’écharpe, laissant l’autre sans doute aux mains crispées de la victime. Il fait une boule avec le cartonnage du pâtissier. Il dépose aussi certains objets dénonciateurs qui, depuis, ont dû glisser dans la Seine, comme le couteau. Il enveloppe le tout avec un journal, ficèle, et attache, pour faire poids, cet encrier de cristal. Puis il décampe. Un instant plus tard, le paquet tombe sur la péniche du marinier. Et voilà. Ouf ! j’en ai chaud. Que dis-tu de l’aventure ? »

Il observa Ganimard pour se rendre compte de l’effet que son discours avait produit sur l’inspecteur. Ganimard ne se départit pas de son mutisme.