Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Surtout il faut fuire le danger, éviter les ataques, n’affronter les forces enemies qu’avec la plus grande prudance, et… »

Je me mis à rire.

« Et voilà ! La lumière se fit ! Hein nous sommes éblouis de clarté ! Mais vraiment, Lupin, confessez que ce chapelet de conseils, égrené par une cuisinière, ne vous avance pas beaucoup. »

Lupin se leva sans se départir de son mutisme dédaigneux, et saisit la feuille de papier.

Je me suis souvenu par la suite qu’un hasard, à ce moment, accrocha mes yeux à la pendule. Elle marquait cinq heures dix-huit.

Lupin cependant restait debout, la feuille à la main, et je pouvais constater à mon aise sur son visage si jeune, cette extraordinaire mobilité d’expression qui déroute les observateurs les plus habiles et qui est sa grande force, sa meilleure sauvegarde. À quels signes se rattacher pour identifier un visage qui se transforme à volonté, sans même les secours des fards, et dont chaque expression passagère semble être l’expression définitive ? À quels signes ? Il y en avait un que je connaissais, un signe immuable : deux petites rides en croix qui creusaient son front quand il donnait un violent effort d’attention. Et je la vis en cet instant, nette et profonde, la menue croix révélatrice.

Il reposa la feuille de papier et murmura :

« Enfantin ! »

Cinq heures et demie sonnaient.

« Comment ! m’écriai-je, vous avez réussi ?… en douze minutes ! »

Il fit quelques pas de droite et de gauche dans