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Mais de tels mots eussent été absurdes, prononcés par lui, et il ne savait plus que dire, maintenant qu’il comprenait toute l’aventure, et qu’il pouvait évoquer la jeune femme à son chevet de malade, soignant l’homme qu’elle avait blessé, admirant son courage et sa gaieté, s’attachant à lui, s’éprenant de lui, et, trois fois, malgré elle sans doute, en une sorte d’élan instinctif avec des accès de rancune et de rage, le sauvant de la mort.

Et tout cela était si étrange, si imprévu, un tel étonnement bouleversait Lupin, que, cette fois, il n’essaya pas de la retenir quand elle se dirigea vers la porte, à reculons et sans le quitter du regard.

Elle baissa la tête, sourit un peu, et disparut.

Il sonna d’un coup brusque.

« Suis cette femme, dit-il à un domestique… Et puis non, reste ici… Après tout, cela vaut mieux… »

Il demeura pensif assez longtemps. L’image de la jeune femme l’obsédait. Puis il repassa dans son esprit toute cette curieuse, émouvante et tragique histoire, où il avait été si près de succomber, et, prenant sur la table un miroir, il contempla longuement, avec une certaine complaisance, son visage que la maladie et l’angoisse n’avaient pas trop abîmé.

« Ce que c’est, pourtant, murmura-t-il, que d’être joli garçon !… »