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bule. Elle revint, furieuse, exaspérée par l’échec et par la crainte qu’elle avait eue.

« Personne… Les voisins doivent être sortis… nous avons le temps… Ah ! Lupin, tu rigolais déjà… Le couteau, Gabriel.

— Il est dans ma chambre.

— Va le chercher. »

Gabriel s’éloigna en hâte. La veuve trépignait de rage.

« Je l’ai juré ! Tu y passeras, mon bonhomme !… Je l’ai juré à Dugrival, et chaque matin et chaque soir je refais le serment… je le refais à genoux, oui, à genoux devant Dieu qui m’écoute ! C’est mon droit de venger le mort !… Ah ! dis donc, Lupin, il me semble que tu ne rigoles plus… Bon sang ! mais on dirait même que tu as peur. Il a peur ! il a peur ! Je vois ça dans ses yeux ! Gabriel, arrive, mon petit… Regarde ses yeux ! Regarde ses lèvres… Il tremble… Donne le couteau, que je le lui plante dans le cœur, tandis qu’il a le frisson… Ah ! froussard ! Vite, vite, Gabriel, donne le couteau.

— Impossible de le trouver, déclara le jeune homme, qui revenait en courant, tout effaré, il a disparu de ma chambre ! Je n’y comprends rien !

— Tant mieux ! cria la veuve Dugrival à moitié folle, tant mieux ! je ferai la besogne moi-même. »

Elle saisit Lupin à la gorge et l’étreignit de ses dix doigts crispés, à pleines mains, à pleines griffes, et elle se mit à serrer désespérément. Lupin eut un râle et s’abandonna. Il était perdu.

Brusquement, un fracas du côté de la fenêtre. Une des vitres avait sauté en éclats.