— Du moins il m’a semblé, mais la communication était si indistincte !…
— Pour ma part, j’ai simplement entendu quelqu’un qui vous demandait et qui était très pressé. Comme, moi, je ne l’étais pas, j’ai refermé, et j’ai remis à plus tard le plaisir de vous remercier.
— De me remercier ?
— Oui, je sais de quelle agression ma femme a été l’objet hier soir, et comment vous l’avez sauvée. Aussi, je tiens à vous voir et à vous exprimer ma reconnaissance. Voulez-vous que nous prenions rendez-vous ? À l’ambulance, par exemple ? Aujourd’hui, vers trois heures…
Patrice ne répliquait pas. L’audace de cet homme menacé d’arrestation et qui s’apprêtait à fuir le déconcertait. En même temps, il se demandait à quel motif réel Essarès bey avait obéi en téléphonant, sans que rien l’y obligeât. Mais son silence ne troubla pas le banquier, qui continua ses politesses et termina son inexplicable communication par un monologue où il répondait avec la plus grande aisance aux questions qu’il posait lui-même.
Puis les deux hommes se dirent adieu. C’était fini.
Malgré tout, Patrice se sentait plus tranquille. Il rentra dans sa chambre, se jeta sur son lit et dormit deux heures. Puis il fit venir Ya-Bon.
— Une autre fois, lui dit-il, tâche de commander à tes nerfs et de ne pas perdre la tête comme tout à l’heure. Tu as été ridicule. Mais n’en parlons plus. As-tu déjeuné ? Non. Moi non plus. As-tu passé la visite ? Non ? Moi non plus. Et justement