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Appuyé contre la cheminée, les deux coudes sur le marbre, il se serra la tête entre les mains. Sa gaieté, qui provenait d’une nature habituellement insouciante, n’était cette fois qu’une gaieté de surface. Au fond il ne cessait de songer à Coralie avec une appréhension douloureuse. Que faire pour la protéger ?

Plusieurs projets se dessinaient en lui : lequel choisir ? Devait-il chercher, grâce au numéro de téléphone, la retraite de ce nommé Grégoire, chez qui Bournef et ses compagnons s’étaient réfugiés ? Devait-il avertir la police ? Devait-il retourner rue Raynouard ? Il ne savait pas. Agir, oui, il en était capable, si l’acte consistait à se jeter dans la bataille avec toute son ardeur et toute sa furie. Mais préparer l’action, deviner les obstacles, déchirer les ténèbres, et, comme il le disait, apercevoir l’invisible et saisir l’insaisissable, cela n’était pas dans ses moyens.

Il se retourna brusquement vers Ya-Bon, que son silence désolait.

— Qu’est-ce que tu as avec ton air lugu-