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Bournef tourna cette cinquième rosace et, aussitôt, un déclic se produisit.

— Tu n’as plus qu’à tirer, ordonna Essarès. Bien. Le coffre n’est pas profond. Il est creusé dans une des pierres de la façade. Allonge la main. Tu trouveras quatre portefeuilles.

En vérité, à ce moment, Patrice Belval s’attendait à ce qu’un événement insolite interrompît les recherches de Bournef et le précipitât dans quelque gouffre subitement entrouvert par les maléfices d’Essarès. Et les trois complices devaient avoir cette appréhension désagréable, car ils étaient livides, et lui-même, Bournef, semblait n’agir qu’avec précaution et défiance.

Enfin il se retourna et revint s’asseoir auprès d’Essarès. Il avait entre les mains un paquet de quatre portefeuilles attachés ensemble par une sangle de toile, et qui étaient courts, mais d’une grosseur extrême. Il ouvrit l’un d’eux après avoir défait la boucle de la sangle.

Ses genoux, sur lesquels il avait déposé le précieux fardeau, ses genoux tremblaient, et, lorsqu’il eut saisi, à l’intérieur d’une des poches, une liasse énorme de billets, on eût dit que ses mains étaient celles d’un vieillard qui grelotte de fièvre. Il murmura :

— Des billets de mille… dix paquets de billets de mille.

Brutalement, comme des gens prêts à se battre, chacun des complices empoigna un portefeuille, fouilla dedans et marmotta :

— Dix paquets… le compte y est… dix paquets de billets de mille.