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— Alors, nous nous quittons déjà ?

— Oui, j’entends M. Desmalions. Allez au-devant de lui, voulez-vous ? Et ayez l’obligeance de l’amener.

Patrice hésita. Pourquoi don Luis l’envoyait-il au-devant de M. Desmalions ? Était-ce pour que lui, Patrice, intervînt en sa faveur ?

Cette idée le stimula. Il sortit.

Il se produisit alors une chose que Patrice ne devait jamais comprendre, quelque chose de très rapide et de tout à fait inexplicable. Ce fut comme le coup de théâtre imprévu qui finit brusquement une longue et ténébreuse aventure.

Patrice rencontra sur le pont M. Desmalions qui lui dit :

— Votre ami est là ?

— Oui. Mais deux mots d’abord… Vous n’avez pas l’intention ?…

— Ne craignez rien. Nous ne lui voulons aucun mal, au contraire.

Le ton fut si net que l’officier ne trouva aucune objection.

M. Desmalions passa. Patrice le suivit. Ils descendirent l’escalier.

— Tiens, fit Patrice, j’avais laissé la porte de cette cabine ouverte.

Il poussa. La porte s’ouvrit. Mais don Luis n’était plus dans la cabine.

Une enquête immédiate prouva que personne ne l’avait vu partir, ni les agents qui se tenaient sur le contre-quai, ni ceux qui déjà avaient traversé la passerelle.

Patrice déclara :

— Quand on aura le temps d’examiner cette péniche à fond, on la trouvera fort truquée, je n’en doute pas.

— De sorte que votre ami se serait enfui par quelque trappe, à la nage ? demanda M. Desmalions, qui semblait fort vexé.