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fermé dans l’atelier du pavillon, il eut la gentillesse d’ouvrir le compteur à gaz, puis il s’en alla et vint sur le quai, au-dessus du chantier Berthou. Là, il eut une hésitation, et cette hésitation fut, pour moi qui le suivais, un indice précieux. Certainement il songeait alors à délivrer maman Coralie. Des gens passèrent. Il s’éloigna. Sachant où il se rendait, je retournai à votre secours, j’avertis vos camarades de l’hôtel Essarès, et les priai de s’occuper de vous.

» Ensuite, je revins ici. D’ailleurs, toute la marche de l’affaire m’obligeait à y revenir. Il était à supposer que les sacs d’or n’étaient pas à l’intérieur de la canalisation, et, comme la Belle-Hélène ne les avait pas enlevés, ils devaient se trouver en dehors du jardin, en dehors de la canalisation, donc dans ces parages. J’explorai cette péniche, non pas tant pour y chercher les sacs que pour y chercher quelque renseignement imprévu, et pour y chercher aussi, avouons-le, les quatre millions remis à Grégoire. Or, quand je me mets à explorer un endroit où je ne trouve pas ce que je veux, je me rappelle toujours l’étrange conte d’Edgar Poe : La lettre volée Vous vous souvenez, ce document diplomatique qui a été dérobé et dont on sait qu’il est caché dans telle chambre ? On fouille cette chambre dans tous les coins. On soulève toutes les lames du parquet. Rien. Mais M. Dupin arrive et, presque aussitôt, se dirige vers un vide-poche suspendu au mur et d’où dépasse un vieux papier. C’est le document.

»  Eh bien, instinctivement, j’emploie le même procédé. Je cherche où l’on n’aurait même pas l’idée de chercher, dans les endroits qui ne constituent pas de cachette, parce que ce serait vraiment trop facile à découvrir. C’est ainsi, par exemple, que j’ai eu l’idée de feuilleter quatre vieux Bottins hors d’usage, alignés sur cette ta-