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— Quelques minutes, je les accepte, mais je veux tout d’abord m’excuser…

— De quoi, mon capitaine ? De m’avoir trahi quelque peu, et de m’avoir enfermé dans l’atelier du pavillon ? Que voulez-vous ! vous défendiez maman Coralie. De m’avoir cru capable de garder le trésor au jour où je le découvrirais ? Que voulez-vous ! était-il possible de supposer qu’un Arsène Lupin dédaignerait trois cents millions d’or ?

— Donc, pas d’excuses, dit Patrice en riant. Mais des remerciements.

— De quoi ? De vous avoir sauvé la vie et d’avoir sauvé maman Coralie ? Ne me remerciez pas. C’est un sport, chez moi, de sauver les gens.

Patrice prit la main de don Luis et la serra très fortement. Puis il prononça d’un ton enjoué qui cachait son émotion :

— Je ne vous remercierai donc pas. Je ne vous dirai donc pas que vous m’avez débarrassé d’un cauchemar affreux en m’apprenant que je n’étais pas le fils de ce monstre et en me dévoilant sa véritable personnalité. Je ne vous dirai pas non plus que je suis heureux, que la vie s’ouvre devant moi toute rayonnante, et que Coralie est libre de m’aimer. Non, n’en parlons pas. Mais vous avouerai-je que mon bonheur est encore… comment m’exprimer ?… un peu obscur… un peu timide… Il n’y a plus de doute en moi. Mais, malgré tout, je ne comprends pas bien la vérité, et tant que je ne comprendrai pas, la vérité m’inspirera quelque inquiétude. Donc parlez… expliquez-moi… je veux savoir…

— Elle est si claire cependant, cette vérité ! s’écria don Luis. Les vérités les plus