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cette expression : « Le Triangle d’or », induisait en erreur en évoquant quelque chose de mystérieux et de fabuleux. Non, selon moi, il s’agissait simplement de l’espace où se trouvait l’or et qui avait la forme d’un triangle. Le triangle d’or, c’est cela : des sacs d’or disposés en triangle, un emplacement ayant la forme d’un triangle. La réalité est donc beaucoup plus simple, et vous serez peut-être déçu, monsieur le Président !

— Je ne le serai pas, fit Valenglay, si vous me mettez en face des dix-huit cents sacs d’or.

Don Luis insista :

— Je vous prends au mot, monsieur le Président. Votre approbation sera complète.

— Mon approbation sera complète, absolue, totale, si vous me mettez en face des sacs d’or.

— Vous êtes en face des sacs d’or, monsieur le Président.

— Comment, je suis en face !… Que voulez-vous dire ?

— Exactement ce que je dis, monsieur le Président. À moins de toucher aux sacs, il est difficile d’en être plus près que vous ne l’êtes.

Malgré son empire sur lui-même, Valenglay ne dissimulait pas sa surprise.

— Cela ne signifie pas cependant que je marche sur de l’or, et qu’il suffirait de lever les pavés du trottoir ou d’abattre ce parapet ?…

— Ce serait encore là des obstacles à écarter, monsieur le Président. Or, aucun obstacle ne vous sépare du but.

— Aucun obstacle !

— Aucun, monsieur le Président, puisque vous n’avez qu’un tout petit geste à faire pour toucher aux sacs.

— Un petit geste ! dit Valenglay qui, machinalement, répétait les paroles de don Luis.