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— Et vous, monsieur, c’est votre dernier mot ?

— Mon dernier mot !

— Si nous refusons… bonsoir ?…

— Vous avez dit l’expression juste, monsieur le Président.

— Et si nous acceptons, la remise de l’or sera immédiate ?

— Immédiate.

— Nous acceptons.

Ce fut catégorique. L’ancien président du Conseil avait accompagné son affirmation d’un petit geste sec qui en soulignait toute la valeur.

Il reprit, après une légère pause :

— Nous acceptons. Ce soir même la communication sera faite à l’ambassadeur.

— Vous m’en donnez votre parole, monsieur le Président ?

— Je vous en donne ma parole.

— En ce cas, nous sommes d’accord.

— Nous sommes d’accord. Parlez.

Toutes ces phrases avaient été échangées rapidement. Il n’y avait pas cinq minutes que l’ancien président du Conseil était entré en scène. Il ne restait plus à don Luis qu’à tenir sa promesse. Plus d’échappatoire possible. Plus de mots. Des faits. Des preuves.

Vraiment, l’instant fut solennel. Les quatre hommes se tenaient les uns près des autres, comme des promeneurs qui se sont rencontrés et qui bavardent un moment. Valenglay, appuyé d’un bras sur le parapet qui domine le contre-quai, tourné vers la Seine, levait et abaissait sa canne au-dessus du tas de sable. Patrice et M. Desmalions se taisaient, le visage un peu crispé.

Don Luis se mit à rire.

— Ne comptez pas trop, monsieur le Président, que je vais faire surgir de l’or à l’aide d’une baguette magique, ou vous montrer une caverne où s’entassait le métal précieux. J’ai toujours pensé que